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[ FILAnaTURE ]

Le fil conducteur de mon parcours dans l’œuvre de Brankica Zilovic s’est déroulé il y a quelques mois à peine, aux pieds de montagnes ne tenant qu’à un fil, car fragilisées par le poids de nuages lourdement rembourrés. La toile “hidden clouds”, tendue sur châssis, affirme sa légèreté grâce aux tracés cousus de fils mercerisés qui dessinent de complexes sinuosités. Celles-ci donnent naissance à de graciles pics incapables de porter ces structures cousues, gonflées de leur embonpoint. C’est ainsi que l’artiste signifie paradoxalement la contradiction entre la pesanteur de vapeurs célestes, exprimés par ces textiles ballonnés et la mouvance linéaire d’un paysage immatériel, fil retors d’un éboulis géologique.
Si je m’attarde sur cette composition, c’est sans doute qu’elle inaugure ma première rencontre avec l’œuvre de Brankica, en synthétisant le droit fil de l’orientation de ma pensée, tout au long des cheminements qui me font pénétrer profondément cet univers. De fil en aiguille, par voie d’enchainement, j’accompagne le tracé des fils fragiles qui quelquefois se brouillent, d’autres fois se tendent entre des points d’attache. Ils peuvent aussi s’alourdir de laine noire et épaisse, ou se déchirer au cœur de moisissures blanchâtres et duveteuses.
Ainsi ces territoires, bouillonnant quelquefois autour d’un vide, peuvent le ceinturer ou au contraire se faire piéger par lui. Je suis en permanence à me donner du fil à retordre en m'évoquant grâce à ces images, la certitude d’un espace à conquérir, tout en suivant le fil des idées, du doute et de l’incertitude. Au cœur de ce monde, peuvent naître des fils semblant aspirés par la toile support. Dans ces cas, il me reste à tenir en main les fils d’une affaire de caresse, qui me permet de participer à ce jaillissement vertical, me faisant ascensionner vers le bord supérieur de la toile, qui devient par ce fil peigné, un monde céleste et infini, par l’inconnu qu’il évoque.
Une œuvre titrée “constellation montagne” m’accroche alors à l’exploration envoûtante d’une carte cosmique. De multiples points de couture, sont reliés par des fils tendus; comme on aime les dessiner mentalement devant un ciel étoilé. L’artiste, en partie inférieure de sa composition, dessine une sorte de mécanique abstraite et mystérieuse, qui devient en partie haute un cheminement en ascension abrupte de pics montagneux. Ainsi cette “constellation” devient construction géologique, traversée par de grands mouvements torrentueux, qui après avoir été barrés d’épais fils de laine noire, deviennent de

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