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Dépourvues de présence humaine, le regardeur devient le témoin privilégié de ces formations rocheuses. C’est comme si nous occupions la position du voyageur représenté par Caspar David Friedrich dans Un voyageur au-dessus d’une mer de nuages (1818), c’est-à-dire de la figure solitaire presque craintive d’admiration devant la nature et qui s’arrête en haut d’une montagne pour observer les nuages en contrebas. Lumineuse, claire et minérale, l’œuvre de Zilovic donne un souffle d’air frais.
En effet, l’artiste se rapproche de la manière selon laquelle le peintre allemand du XIXe siècle exprime la dimension métaphysique de la nature. Zilovic considère ses propres travaux comme des « métaphores de l’indéfinissable ». Plutôt qu’un lieu spécifique, explique l’artiste, elle vise à communiquer cette énergie et cette sensation d’immensité que certains lieux nous procurent : « C’est cette énergie-là que j’ai envie de transmettre dans mes paysages, (...) ces immensités, cette force qui me bouleverse. »
On peut retrouver la trace d’une des sources d’inspiration de Zilovic dans ses origines. Enfant, elle adorait la vie au grand air. Elle passait beaucoup de temps à grimper, à faire des randonnés et à skier dans les Alpes dinariques serbes. Aujourd’hui, l’artiste continue à profiter de chaque occasion d’aller chercher les hauteurs et les glaciers enneigés. Son expérience des Alpes françaises, des Rocheuses ou des canyons et des vallées de l’Ouest américain – des endroits qui inspirent et réduisent l’homme non loin de l’état d’insignifiance – marque Zilovic profondément.
L’artiste puise également son inspiration dans une grande variété de références visuelles et artistiques. Des photographies – personnelles ou tirées de la presse – des documentaires télévisés ou des extraits d’Internet de géographies lointaines permettent à son esprit de voyager virtuellement.
De manière similaire, des œuvres d’art – contemporaines ou anciennes – la stimulent et lui donnent de l’impulsion créatrice. Zilovic travaille actuellement, par exemple, sur une série de dessins notamment inspirés par les falaises qu’on aperçoit en arrière-fond de la Crucifixion (1457-59) de Mantegna. Elle étudie également des gravures japonaises de près, comme l’œuvre de Utagawa Hiroshige, Vue des tourbillons de Naruto à Awa du XIXe siècle, dans laquelle des spirales blanches évoquent les écumes des eaux turbulentes apprivoisées par leur rendu délicat en aplats de couleurs douces.

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