Rêveries surréalistes
Les paysages abstraits de Zilovic peuvent être façonnés par des lieux et des expériences réelles, par des images ou par des œuvres d’art. Son processus de création reste néanmoins profondément intuitif.
« J’accepte ces états du flou et de l’incertitude. Je laisse surgir toutes mes références, toutes les images, tout ce que je contiens en moi, » relate l’artiste. Elle trace un chemin subtil entre le conscient et l’inconscient. Des pensées abstraites et des émotions surgissent, des souvenirs lointains se coagulent, se déforment, se liquéfient et se solidifient de nouveau. Des lignes, des formes et des textures émanent ainsi librement et fusionnent dans des ensembles organiques. L’artiste observe : « Les dessins naissent sous mes yeux. Je ne contrôle pas le trait. Il y a quelque chose de très aléatoire ». Zilovic crée ainsi des paysages rêvés ancrés dans des références artistiques ou tirés de la réalité – mais ils ne sont dans aucun cas savant, ni véritablement figuratif.
C’est grâce à ce type d’automatisme – une technique élaborée et célébrée par les surréalistes dans la première moitié du XXe siècle – que des mondes intérieurs se déploient, provenant de souvenirs enfouis et surgissant de références visuelles profondes. Des figures daliennes, à la fois solides et liquides, rocheuses et charnelles, se matérialisent, comme l’élément central dans Paysage aux nageoires (2008) qui fait écho au Narcisse de Dali transformé en pierre dans Métamorphose de Narcisse (1937). « J’aime bien quand on décèle dans le méconnaissable quelque chose de reconnaissable », observe Zilovic, « Dans l’abstrait, on trouve quelque chose de réel. »
Jamais classique : des Contre-coutures aux traits graphiques
Zilovic quitte Belgrade pour Paris en 1998 pour étudier auprès de son compatriote Vladimir Velickovic. Impressionnée par son style expressif, Zilovic débute elle-même en tant que peintre. Or, il ne s’agit certainement pas d’une coïncidence si Zilovic commence à interroger les codes et les images de la mode dans cette capitale de la création et son deuxième professeur, Dominique Gauthier, l’encourage à intégrer du textile dans ses œuvres. Elle entame ainsi des hybridations de plus en plus audacieuses des techniques traditionnelles de la couture et de la broderie, et de l’expression visuelle contemporaine. En effet, les « contre-coutures » de Zilovic surprennent et vont à l’encontre des attentes à la fois de l’artisanat domestique et de l’art actuel. |